Le progrès de l'Ain du 15 juin 2023
Le 19 février 2023 au Pavillon Bellevue à Belley, s’est déroulée l’Assemblée Générale de l’Apiculteur Bugiste au cours de laquelle furent présentés les rapports moral, d’activités et financier, les projets 2023 et les propositions budgétaires pour 2024. Un nouveau conseil d’administration et 2 nouveaux vérificateurs des comptes ont été élus. Le frelon asiatique et les modalités de lutte n’ont pas échappé à nos actualités. Et pour s’initier aux secrets de l’apiculture, les fonctionnalités des rucher-école et rucher partagé ont été rappelées.
Beaucoup d’échanges ont émané spontanément lors de cette assemblée. Et les réponses aux appels à intervenants pour le fonctionnement de l’association et les projets 2023 sont encourageants et rassurants pour la vitalité de notre association.
Cette assemblée étant élective, les élus dans les domaines ci-après sont :
Remerciements à nos partenaires, au représentant de la Ville de Belley qui bénéficie d’une 2e abeille en label APIcité® et du Conseil Départemental de l’Ain, nous assurant de l’intérêt de ces structures pour les abeilles. Remerciements chaleureux à tous les adhérents présents et impliqués.
Le Président
Le frelon asiatique, Vespa velutina nigrithorax, cause des ravages sur les colonies d’abeilles, sur la biodiversité et de nombreux accidents sur les personnes. Aucun dispositif de lutte efficace n’est aujourd’hui disponible. Toutefois, grâce à un partenariat franco-chinois, la phéromone sexuelle du frelon a été identifiée et testée sur le terrain pour attirer les mâles. Ce résultat publié dans le journal Entomologia Generalis ouvre la voie au développement d’un piège sexuel pour limiter la reproduction de l’espèce et entraîner un déclin de celle-ci.
Le frelon asiatique, Vespa velutina nigrithorax, est une espèce invasive arrivée en France vers 2004 en provenance de Chine. Depuis, elle a envahi toute l’Europe de l’ouest. Ce frelon s’attaque aux insectes, notamment les abeilles, ce qui fait de lui un des problèmes majeurs de l’apiculture. Chaque année, de nombreux accidents (piqûres, dont certaines mortelles) impliquent cet insecte. Face aux problèmes engendrés par ce frelon invasif, nombreux sont ceux à utiliser des pièges pour lutter contre lui. Toutefois, aucun système de piégeage ne s’est révélé à ce jour sélectif et efficace. Un partenariat scientifique franco-chinois entre l’Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte (CNRS/Université de Tours) et le Xishuangbanna Tropical Botanical Garden (Kunming, Chinese Academy of Sciences) pourrait résoudre en partie ce problème.
Les scientifiques ont identifié la phéromone sexuelle du frelon asiatique et l’ont testée sur le terrain comme appât, en Chine et en France. Ils ont ainsi montré que cet appât phéromonal pouvait attirer de nombreux mâles durant la période de reproduction de l’espèce (de septembre à novembre).
Ces résultats publiés dans la revue Entomologia Generalis laissent espérer le développement prochain d’un piège de lutte contre ce frelon invasif, en utilisant cette phéromone sexuelle comme appât sélectif. Comme celui-ci est spécifique à l’espèce, il n’attire que les mâles du frelon asiatique et ne présente aucun impact sur les autres insectes. L’idée est de capturer ces mâles en grand nombre avant qu’ils ne puissent s’accoupler avec les futures reines frelon. Celles-ci ne pouvant pas s’accoupler avec des mâles ou alors insuffisamment, il est envisageable d’imaginer à terme une diminution du nombre de colonies de frelons asiatiques sur le terrain ou des colonies moins populeuses. Les futures reines ne pourraient pas créer de nouvelles colonies au printemps suivant si elles ne se sont pas accouplées. Et si elles s’accouplent avec leurs frères, le phénomène de consanguinité, que les chercheurs français avaient mis en évidence, s'accroît, donnant lieu également à une diminution de la taille et du nombre de colonies à terme.
La comcom finance la lutte contre le frelon asiatique.
Du premier nid détruit dans l’Ain en 2015, à 150 nids détruits en 2020, le frelon asiatique connaît une présence exponentielle. Dans ce cadre, Bugey Sud va accompagner l’association L’apiculteur bugiste pour l’opération de piégeage de printemps.
Présent sur la quasi-totalité de la région, particulièrement dans les zones urbanisées, le frelon asiatique, ce prédateur généraliste des insectes et particulièrement des apidés (abeilles) est responsable d’une atteinte forte de la biodiversité et relève d’un souci de santé publique. Au niveau agroécologique et économique, cause de dégâts importants sur les ruchers, il est source d’inquiétude pour les apiculteurs, les citoyens et les élus et a été classé en danger sanitaire de 2e catégorie pour l’abeille domestique.
40 pièges à frelon pour un total de 1 200 euros.
Soucieuse de répondre à la problématique sociétale posée par cette espèce exotique, la Communauté de communes du Bugey Sud va accompagner l’association L’apiculteur bugiste en finançant 40 pièges à frelon d’un montant de 1 200 euros pour l’opération de piégeage de printemps.
Sébastien Mouillard, vétérinaire conseil au GDS Ain (Groupe de défense sanitaire) : « Nous avons déjà 65 pièges en fonction dans le département. Le piégeage de printemps (de mars à juin) consiste à diminuer fortement la population des femelles fondatrices pouvant être plusieurs centaines par nid afin d’éviter la démultiplication de futurs nids. Ce piégeage préventif doit être encadré, suivi et rigoureux en zone très impactée et s’arrêtera avec la capture des premiers frelons européens. »
De son côté, Philippe Treille, président de l’association l’Apiculteur bugiste, explique : « Fort de nos 130 membres apiculteurs professionnels pluriactifs ou petits producteurs, les 40 pièges à frelons sont d’une grande aide et vont être répartis dans les zones sensibles, à nos membres qui ont la connaissance précise des lieux efficaces d’implantation de ces pièges. De plus, le suivi de ces dispositifs (changement et adaptation des appâts, entretien, déplacement éventuel) doit être régulier et continu durant toute la période. »
Que faire si on découvre un nid ? En premier lieu, ne pas s’en approcher ni le toucher ; localiser précisément le lieu (photos, coordonnées GPS, marquage) et communiquer au plus vite toutes vos informations à la plateforme du GDS : frelonsasiatiques.fr ou par mail à :
Photo Progrès/Yannick BIGOT : Régis Castin, vice-président CCBS, Sébastien Mouillard, vétérinaire CDS, Michel Charles Riera, vice-président CCBS, et Philippe Treille, président de L’apiculteur bugiste.